jeudi 9 mai 2013

Retour sur la Mix'Up Battle 6 du 5 mai 2013 !

Le beau temps est au rendez-vous, pourtant c’est  bien dans la salle 1200 du Rocher de Palmer que se déroule la sixième édition du Mix Up Battle ! Des centaines de personnes ont répondu présent à l’événement lancé par la compagnie les Associés Crew et par le 4ème art dans le cadre de l’Urban Week. 


La Mix Up Battle, c’est quoi ? 
Le principe est simple : une compétition,  plusieurs Battles de Break Dance  2 contre 2 pour départager les différentes équipes. Une équipe se compose donc de 2 danseurs sélectionnés par le jury parmi tous les participants. Ajouter à ça, Dj  Ben aux platines qui envoie la musique pour donner le coup d’envoi à la rencontre.


Le public, lui, ne peut cacher ses réactions face aux démonstrations de force auxquelles il assiste. A noter que le lino sur lequel a lieu les confrontations  se trouve à la même hauteur que le spectateur, ce qui contribue à apporter cette touche hip hop, et rappeler le côté urbain de cet art né dans la rue.
Leur prestation est filmée et projetée en direct sur le grand écran situé sur la scène pour que personne ne puisse rater ne serait ce qu’un pas de danse.

L’esprit de compétition est présent,  les B-boys venus de France et d’ailleurs sont tous ici pour repartir avec le trophée couleur or qui brille sur le côté. Malgré les déceptions suites aux défaites chacune des confrontations se termine avec le sourire et par des accolades entre les danseurs.


Avant d’annoncer la dernière danse, celle qui clôture cette compétition. Bouba nous rappelle  qu’il excelle dans son domaine  et nous offre un solo de danse.
Matthieu sur la scène entame lui aussi un solo de batterie pour accompagner Bouba  et arriver à ne faire qu’un avec les pas de danse de celu-ci . Matthieu est vite rejoint par Kahil El Zabar qui se met à lui jouer du  tamtam.

Les différents membres du groupe Les Associés ne peuvent se retenir et rejoignent Bouba sur le lino. L’intensité du tournoi monte tout comme la voix de Kahil et les applaudissements du public. 
La dernière confrontation a lieu, le public est impatient de connaître le vainqueur. Il s’agit finalement de Hustle-Bustle Orlov venu de Russie spécialement pour la Mix Up battle 6.

Kahil El Zabar confie qu’il a adoré l’ambiance et participer à cet événement. Hustle-Bustle Orlov et Bouba comme les autres membres du jury  tentent, eux, de répondre à toutes les questions et félicitations d’une partie du public qui les entoure.


Rendez-vous l'année prochaine pour la 7ème édition ! 

mercredi 8 mai 2013

La scénographie se construit !

Avec les artistes invités, Lucy Slivinsky, Cécile C*WILD, Blade et bien sûr l'aide des participants, la scénographie se construit à côté des répétitions musicales.
Affaire à suivre ! 


mardi 7 mai 2013

Des mots qui parlent

On aura beau essayer d'expliquer ce qu'est ELEVATION PROJECT, le plus parlant reste encore d'y participer. Pour ceux qui n'ont pas eu cette chance, quelques stagiaires 2013 ont essayé de le décrire avec leurs mots ...

  • "Voyager ensemble, et désormais jusqu'à l'élévation."
  • "Un ensemble de son qui se connectent pour créer une polyphonie cohérente. Un projet original, multiculturel où chacun peut s'exprimer."
  • "Un projet musical de partage et d'échange avec l'autre révolutionnaire."
  • "Trouver le chemin et la manière d'aller vers le haut, transformer des sons en mouvements et des mouvements en sons. Connecter le haut au bas, le ciel à la terre, et faire décoller la musique en déployant nos ailes.
  • "Elevation Project pour moi c'est un partage de connaissances musicales, un jeu collectif et émotionnel entre des individus d'horizons différents. C'est aussi l'aboutissement d'un projet commun alliant l'amour,la paix, la joie, mais aussi la discipline, l'improvisation et pleins d'autres choses encore ... Merci."
  • "L'Elevation Project, c'est la source d'une élévation spirituelle, un regroupement d'énérgies diverses et intenses, de vibrations et de bien être. C'est un moyen de ressentir soi-même et de sentir les autres dans une symbiose magique. C'est un partage qui suppose de l'ouverture vers 'autre, de la tolérance et de l'amour; la base de tout art." 


 

Qui est Corey Wilkes ?

Corey Wilkes en quelques mots c'est ... 
 

A 32 ans, Corey Wilkes s’est distingué comme l’un des meilleurs trompettistes en improvisation de son temps. Il démontre sur scène une réelle capacité à se confronter au hip-hop contemporain tel un véritable MC. Il se distingue ainsi, comme un ambassadeur de la musique en général.  Avec une technique parfaitement maîtrisée, Corey a su faire preuve d’une précoce maturité nécessaire pour aborder le répertoire des classiques jazz. Après ses études au Berklee College Of Music à Boston, où il eût pour professeurs Tiger Okoshi et Charlie Lewis Jr., Corey s’installe à la Nouvelle-Orléans et s’immerge dans la culture locale avec pour but de saisir l’essence-même du jazz. Sur place, il parvient à intégrer et jouer dans plusieurs ensembles. A son retour à Chicago, il est membre de l’AACC, compte de nombreuses collaborations avec des pointures du jazz et a joué avec l’Art Ensemble Of Chicago. La place de trompettiste restée vacante après le décès de Lester Bowie en 1999, Corey intègre l’ensemble après une tournée remarquée en son sein en 2003.

A présent, Corey Wilkes joue pour des clubs renommés et des festivals partout dans le monde.

Début du stage musique 2013

C'est en beauté qu'ont débuté les ateliers Elevation Project cette année
Kahil El Zabar, en chef d'orchestre minutieux, a entamé la séance par de la relaxation avant de s'attaquer à l'échauffement des artistes : jeux de mains, claquement de doigts, lancements et contrôles de la voix, choeurs... Une fois la liste des compétences artistiques des participants établie, il les a ensuite prévenus du déroulement du show final, pour lequel ils vont se préparer toute cette semaine. 
La création sera collaborative, prendra en compte les pratiques amateurs ou professionnelles de chacun, et cherchera à mêler toutes sortes d'arts : vidéo, graff, danse, percussions, cuivres, chant, écriture, etc. Performances musicales et visuelles seront liées dans un spectacle transdisciplinaire. Enfin, l'objectif est que tous puissent s'inspirer de l'intervention de chacun au cours des ateliers ; le tout dans un climat de confiance né de la mise en commun d'énergies et de motivations personnelles.

Philippe et ses deux garçons Vincent (15 ans) et Raphaël (9 ans) nous ont fait l'honneur de revenir pour la seconde année de ce projet, et avouent sans grande peine revenir en raison d'un attachement personnel avec les artistes de l'Ethnic Heritage Ensemble. 
Dès 2003 Philippe avait effectivement déjà participé à une série d'ateliers coordonnés par l'Ethnic Heritage Ensemble et Musiques de Nuit avant de se produire avec une soixantaine de musiciens professionnels, amateurs et semi-professionnels au Théâtre National de Bordeaux Aquitaine (TNBA). Avec ses fils, ils reviennent depuis car ils portent un réel intérêt pour ce genre d'enseignement ouvert à tous. Interrogé sur la méthode spécifique à Kahil El Zabar, Philippe l'explique par l'oralité traditionnelle des modes de transmission africains et afro-américains. Et pour qui le langage du corps a d'autant plus d'importance que nombre de musiciens ne maîtrisent pas forcément le langage musical écrit.
De son côté, Vincent, seul trompettiste participant, a su apprécier la présence bienveillante de Corey pour ses premiers pas dans Elevation Project l'an dernier. Il est également persuadé que l'on a beaucoup à apprendre de Kahil El Zabar. Il le décrit en bon chef d'orchestre, qui a su bousculer les participants pour les faire sortir d'eux-mêmes, l'année dernière ou encore aujourd'hui à l'échauffement, dans un lâcher prise contrôlé en insistant sur l'intérêt de travailler avec son instrument soi-même pour découvrir jusqu'où ce dernier peut l'emmener.
Enfin pour Raphaël le petit dernier, c'est en amusant que l'on apprend, et il apprécie d'être accompagné de son père et de son frère aîné, tout autant que de retrouver ses "copains" de l'Ethnic Heritage Ensemble. Cet atelier est pour lui un instant de partage, de découverte, d'apprentissage mais toujours en s'amusant "je viendrais même si il y avait classe !".

lundi 6 mai 2013

Le "loft" de Kahil à Génicart

C'est après 10 ans de fidélité à la Table d'hôtes du centre social Lormont Génicart, que Kahil El Zabar a finalement choisi de surprendre les participantes de cet atelier d'insertion sociale orienté sur la cuisine. Il y a en effet installé vendredi 3 mai son loft, rituel qu'il a instauré dans sa ville d'origine, Chicago, et où de nombreuses stars internationales se sont bousculées. Avouant modestement inviter un dimanche par mois jusqu'à 70 personnes dans son loft au moins 2x plus grand que la grande salle de Génicart, il lui est même arrivé d'offir le gîte à certaines d'entre elles, tant la soirée s'annonce complète.
Comme à son habitude vendredi, il s'est saisi d'épices en tous genres afin de concocter du poulet façon Nouvelle-Orléans accompagné d'aubergines cajun à ses dizaines de convives. A le voir orchestrer sa fine équipe composée des femmes de la Table d'Hôte, Kahil est définitivement un artiste complet, mêlant des essences également musicales jusque dans ses plats. 
Une collaboration haute en couleurs !
(en témoignent ces quelques images ...)
 


vendredi 3 mai 2013

Debrief de la conférence de Kahil

Jeudi 2 mai à 18h30, la Machine à Lire a été secouée d’un vent jazzistique, à l’occasion de la conférence du percussionniste et compositeur Kahil El Zabar, animée par Patrick Duval, directeur et programmateur de Musiques de Nuit Diffusions. Amateurs de Jazz, professionnels et familles étaient au rendez-vous pour assister à une rencontre intense entre deux passionnés, traduite en direct par Jade Simon.
 
Kahil El Zabar - Patrick Duval
 
Dès son arrivée,  Kahil El Zebar, tout droit débarqué de Chicago, doté d’une carrure aussi imposante que son CV musical, impose un silence respectueux dans l’assemblée. Patrick fait les présentations, revenant rapidement sur le parcours de son ami de longue date. Des échanges fructueux, le dernier projet, Infinity Orchestra, mené avec des passionnés de tous niveaux, ayant atterri au top 10 du classement des meilleures compositions jazzistiques aux Etats Unis en 2011.

Patrick évoque les rencontres innombrables de son ami avec les plus grands. Dizzy Gillespie, Donny Hathaway, David Murray, Stevie Wonder, Paul Simon Pharoah Sanders…  Il parle de sa passion pour le jazz, ses maîtres et son public, de son inaltérable désir de transmission, de son engagement pour l’Ethnic Heritage Ensemble... réalisant des prouesses de synthétisation pour résumer en 5 minutes le parcours d’un homme qui, en presque 50 ans de carrière, et sans la moindre ride apparente, a marqué son temps.

Kahil enchaîne et raconte son plaisir de jouer, quelque soit le public, sa reconnaissance envers ses pères spirituels, à travers des anecdotes drôles ou émouvantes que l’audience semble déguster, sourire aux lèvres. Il évoque son retour en Afrique, à la quête de ses racines, son enfance dans les clubs de Jazz, son oncle, l’AACM, une époque où le jazz brisait les codes et révolutionnait le monde de la musique et la valeur du musicien. Patrick, à travers quelques interventions, joue de sa pédagogie, apportant à l’audience des éclaircissements parfois nécessaires à l’appréciation du discours expert du jazzman. Cependant, malgré le filtre de la traduction et des interventions, le public est captivé, Kahil jouant d’humour, anecdotes et onomatopées avec une légèreté transpirant l’humilité. Sans s’attarder sur la technique ou la performance, il évoque essentiellement la passion, l’émotion et la quête quasi philosophique qui doit animer le musicien, sur scène comme au quotidien. La dimension spirituelle de la musique surpasse n’importe quelle prouesse technique si cette dernière est exempte d’émotion. Une leçon de vie plus que de musique.

L’heure de la fin approche. Quelques questions du public, puis les micros se posent et les remerciements sont donnés, pour laisser place aux instruments. C’est au tour d’une improvisation de tambour, puis de piano à pouce, accompagnée de chant scandé, dansé, semblant transcender l’artiste et son public. Brutalement la musique s’arrête, laissant là un public un peu hagard, un peu bousculé par une expérience intime, privilégiée.
 
 Retrouvez une vidéo de la conférence dans 
la galerie multimédia 

lundi 29 avril 2013

Qui est Ernest Dawkins ?


Quelques mots sur Ernest Dawkins, le saxophoniste de génie de l'Ethnic Heritage Ensemble :
 

Musicien et compositeur afro-américain de talent, Ernest Dawkins a été récompensé à de nombreuses reprises pour sa musique free jazz post-bop. Né à Chicago en 1953, il entame à 19 ans sa carrière de saxophoniste avant de créer en 1978 son propre groupe de jazz New Horizons Ensemble. Ces derniers continuent aujourd’hui encore à nous proposer une combinaison unique de musique jazz, bebop, swing et avant-garde. 
Il compte  désormais 11 albums à son actif à travers lesquels il se fait le représentant de la culture afro-américaine. De grands artistes  tels que Ramsey Lewis ou Richard Abrams ont fait appel à ses services. Dawkins a composé la musique pour le documentaire Malcolm sorti en 1995 sous la direction d’Alan Siegal. Il est actuellement le vice-président de l’AACM, la plus ancienne association de musiciens en son genre (1965) aux USA. Ernest Dawkins est un de ces musiciens à écouter mais aussi à voir ! 

mercredi 24 avril 2013

Conférence à La Machine À Lire


CONFÉRENCE 

Si vous vous demandez qui est Kahil El Zabar, quelle musique joue-t-il ou si vous souhaitez tout simplement le rencontrer. Alors retrouvez-le le jeudi 2 mai à La Machine à Lire ! 
Dans le cadre de sa venue à Bordeaux pour la session 2013 d'ELEVATION PROJECT, Kahil El Zabar animera une conférence sur sa façon de voir, vivre, et faire sa musique. 

Une occasion unique de rencontrer et de partager avec l'artiste dans un cadre intimiste. 


Le rendez-vous est à 18h00 à la libraire 

"La Machine À Lire", le 02 mai !

Libraire La Machine à Lire - place du Parlement

lundi 22 avril 2013

Sieste Musicale

SIESTE MUSICALE 



Envie d'une "sieste musicale" sur les influences de Kahil El Zabar

Le Rocher de Palmer organise une "sieste" sur les influences musicales de Kahil El Zabar animée par Patrick Duval (directeur et programmateur artistique de l'association de diffusion Musiques de Nuit). 


Le rendez-vous est à 15h30 au forum du Rocher de 

Palmer mercredi 24 avril !


lundi 15 avril 2013

Programme de la session Elevation Project 2013

Vos RDV "Elevation Project" de cette année : 

        Mer 24 avril : Sieste Musicale
à 15h30 au Rocher de Palmer, sur les influences de Kahil El Zabar, présentée par Patrick Duval

        Jeu 02 mai : Conférence tenue par Kahil El Zabar
à 18h00 à La Machine à Lire, sur sa façon de voir et de vivre sa musique

        Dim 05 mai : Mix'Up Battle 6 (Hip-Hop)
à 13h30 au Rocher de Palmer, organisée par la Cie Hors Série-Hamid Ben Mahi et les Associés Crew-Babacar Cissé

        Du 06 au 10 mai : Ateliers Musique
de 14h à 19h au Rocher de Palmer, stage de musique avec Kahil El Zabar, Corey Wilkes, et Ernest Dawkins

        Jeu 09 mai : Jam Session
à 20h30 au Rocher de Palmer, animée par L'Ethnic Heritage Ensemble

        Ven 10 mai : Jazz Mix 
à 20h00 au Rocher de Palmer, autour de l'estaminet avec l'Ethnic Heritage Ensemble

        Sam 11 mai : Générale atelier Musique
de 11h à 13h et de 14h à 19h au Rocher de Palmer, générale du stage musique Elevation Project

        Dim 12 mai : SHOW FINAL 
à 15h00 au Rocher de Palmer, restitution avec tous les participants et les artistes du stage "Elevation Project"

mercredi 10 avril 2013

Début des stages de musique "Elevation Project"

C'est avec plaisir que nous vous annonçons la reprise prochaine du


STAGE "ELEVATION PROJECT" ! 




Toujours sous la direction artistique de Kahil El Zabar, ce projet pluridisciplinaire s'invite à Cenon et vous propose de participer à une création originale, inédite, une nouvelle façon de partager, d'échanger, et de vivre une expérience artistique. 

Dans moins d'un mois, du 6 au 11 mai 2013, venez participer à cet atelier de musique au Rocher de Palmer !  
Encadré par Kahil El Zabar (percussions et chant), Ernest Dawkins (saxophone) et Corey Wilkes (trompette) l'atelier s'adresse à tous, amateurs, confirmés ou professionnels, à partir de 12 ans. En simultané, des artistes invités vont créer la scénographie du show final.
40 à 60 places sont disponibles parlez autour de vous et inscrivez vous vite !


RDV le 12 mai 2013 à 15h au Rocher de Palmer pour 
le show réunissant artistes et participants ! 


Inscriptions & Renseignements : 
elevation.project@lerocherdepalmer.fr
05 56 74 52 91

jeudi 7 juin 2012

Interview de Kahil El Zabar dans Jazz Hot

Kahil El Zabar 9 mars 2012
Interview 2e partie

En complément des articles publiés dans la revue (cf. Jazz Hot n° 659, printemps 2012), voici un prolongement de la conversation avec Kahil El’Zabar…

Jazz Hot : L'un de vos récents albums rendait hommage au contrebassiste Malachi Favors.

Kahil El'Zabar : Il a été comme un père pour moi. C’était un très bon ami.J’ai commencé à jouer avec lui, quand j’avais seize ans et j’ai joué avec lui jusqu’à mes 52 ans. J'ai beaucoup appris de lui tout comme de Lester Bowie ou de Leroy Jenkins en passant beaucoup de temps avec eux, en écoutant leurs histoires, en échangeant des blagues... C’est comme lorsque vous voyez la fameuse photo avec tous les musiciens de jazz à Harlem. La chose la plus importante, plus importante que la musique qu’ils ont jouée, c’est la communauté qu’ils ont créée. Quand vous regardez cette photo, vous voyez qu’il y a une fierté par rapport à la vie de musicien de jazz. Ces gens étaient ma communauté. Ce que Malachi m’a donné était un bon but de vie et ce but apparaît dans la musique.

On ressent aussi dans votre musique une place importante accordée au son d’ensemble. Sur « Big M », par exemple, l’association du violon de Billy Bang et du ténor d’Ari Brown crée une sonorité unique…

Je pense que les musiciens contemporains qui étaient à la pointe au XIXe et au XXe siècles se sont préoccupés du son en explorant la sensibilité chromatique. Durant cette période, la structure tonale bien établie du piano représentait l’organisation de la notation musicale. Vers la fin du XXe siècle, avec les compositeurs extra-sensualistes de la communauté du classique comme Ives, Cage, Schuman, puis avec ce que l’on appelle le jazz d’avant-garde des Cecil Taylor, Ornette Coleman, Trane, Albert Ayler ou de l’AACM, puis avec les développement sélectroniques de Hendrix, de Sonny Sharrock et de la communauté électronique,toutes ces communautés ont représenté une certaine explosion que j’appelle la sensibilité sonore (sonic sensibility). Tous les musiciens jouant d’un instrument mélodique avec qui j’aime travailleront une palette sonore. En ce qui concerne le rythme – et ma manière d’envisager la « cacophonie » - il était basé au XXe siècle sur la mesure,alors qu’au XXI e siècle, les mesures se sont traduites en pulsation. Cela ne repose plus sur la spécificité de telle ou telle métrique,mais sur la « cacophonie » des confluences rythmiques, sur la manière dont les rythmes s’intègrent. En s’intégrant les uns aux autres, il se crée une relation au son de nature micro-tonale. Ainsi, avec cette relation micro-tonale entre les rythmes et avec cette relation micro-tonale entre les mélodies, on obtient une nouvelle palette sonore. J’aime les musiciens qui comprennent ceci et qui sont capable de s’adapter afin que nous puissions jouer des choses qui sont dans la tradition tout en trouvant des possibilités hors de la tradition harmonique. C’est en fait ce que représente pour moi le Ritual Trio.

Est-ce que ces préoccupations sonores se trouvent en amont de votre choix d’enregistrer telle ou telle composition à la batterie, aux percussions ou au piano à pouce ?

Il peut y avoir des changements. En cours de route, un morceau peut se métamorphoser. Ceci a été le cas pour le morceau« Kau » qui se trouve sur Big Met sur lequel je joue de la batterie. Je l’avais retravaillé cinq ans avant et j’en avais réécrit la mélodie, mais à la base il s’appelait « How the Kau See Sirius » et était joué au piano à pouce avec l’Ethnic Heritage. Cette version de 1996 est très différente de « Kau » avec le Ritual Trio.On peut parfois changer sa manière d’écouter un morceau en fonction de la façon dont il fonctionne avec telle ou telle instrumentation. J’ai aussi certaines structures formelles qui font partie de ce que j’appellerais des formes traditionnelles. En jazz, on parle de ballades pour des chansons lentes avec un contenu émotionnel. Pour moi, les ballades font partie d’une tradition qui remonte au début de la musique dans toutes les cultures. Toutes les cultures possèdent des berceuses et celles-ci créent du point de vue émotionnel des atmosphères contemplatives qui racontent une histoire. C’est ce que font les ballades en jazz. Je perçois mon piano à pouce dans ce sens mélodique de la berceuse et dans celui de mélodies associées à ce type d’énergie. J’ai fait« Golden Sea » au piano à pouce avec David Murray en duo, il y a longtemps. Sur un de mes albums avec le Ritual Trio, Renaissance of Resistance, il y a un morceau au piano à pouce qui s’inscrit exactement dans cette idée de berceuse. D’autre part, ce que je joue sur la batterie est associé à l’histoire du swing qui est propre au jazz. C’est sur cet instrument que j’ai joué du bop avec des gens comme Von [Freeman]. Ainsi les différents instruments ont des caractéristiques différentes et la manière d’utiliser la forme de la structure d’un morceau a aussi un certain impact. Ensuite, on veut essayer de délivrer quelque chose de différent au travers de cet instrument. Pour revenir au morceau « Kau »,j’ai commencé à jouer sur la batterie un rythme en 6/8 et je suis passé à un swing dans le style d’Elvin afin de traduire les diverses émotions pour les autres et pour ceux qui vont l’écouter. Quand je joue des percussions africaines ou des congas, je le fais de manière différente pour le Ritual Trioque pour l’Ethnic Heritage Ensemble. Pour ce dernier, les percussions sont le moteur de la musique car elles fonctionnent comme l’instrument tonal de ce groupe. Comme il y a un bassiste dans le Ritual Trio, c’est lui qui joue ce rôle de machine qui crée la relation métrique du mouvement de la musique. Ainsi quand je joue des percussions avec le Ritual Trio, elles viennent plus ajouter quelque chose à ce qui se passe avec le saxophone, le violon ou n’importe quel autre instrument mélodique. Leur rôle est plus celui qu’avaient les percussions de Candido, de Chano Pozo avec Dizzy ou de Mongo Santamaria. Elles jouent un rôle d’agitateur pour la forme ou la mélodie. Dans cette formation, on retrouve la relation traditionnelle de l’instrument harmonique accompagnant les instruments mélodiques. En l’absence d’instrument harmonique dans l’Ethnic Heritage, c’est moi qui tient le rôle de générateur. C’est la raison pour laquelle j’ai deux groupes avec des instruments similaires mais au caractère et à l’organisation musicale bien différents.

Vous considérez-vous aussi en tant que chanteur au travers de vos incantations vocales qui participent au son unique de vos formations ? Ou s’agit-il plus d’une habitude
naturelle de fredonner ce que vous jouez, comme on peut l’entendre chez Oscar Peterson par exemple…

… ou comme Keith Jarrett ou Elvin Jones. Pour ma part, cela est devenu l’une des caractéristiques de mes performances. Je ne fais donc pas de séparation entre ma voix et mes instruments. C’est un moyen d’apporter quelque chose d’unique de manière personnelle, de m’exprimer musicalement. Je ne pense pas être unique dans le fait d’utiliser la voix, mais je crois que j’ai développé une approche unique de la manière d’utiliser la voix dans ce contexte. En fait, on m’a proposé quelques contrats en tant que chanteur. Une compagnie m’a demandé d’être seulement chanteur et plus batteur. Je ne pouvais pas faire ceci, même si c’était pour beaucoup d’argent. Ils disaient que les chanteurs faisaient plus d’argent que les instrumentistes et que si je voulais me lancer dans le chant, ils investiraient de l’argent sur moi. Mais ils voulaient me faire signer un contrant stipulant que je ne jouerais pas de musique car si je le faisais, je ferais moins d’argent avec le Ritual Trio ou l’Ethnic Heritage Ensemble. Ils pensaient pouvoir faire de moi une Cassandra Wilson au masculin. Seulement cela signifiait que je devais arrêter de jouer,mais j’ai toujours perçu ma voix comme une part de ce que je jouais.

Lorsque vous êtes arrivé au Ghana pour étudier,avez-vous perçu une différence entre l’image que vous pouviez avoir aux États-Unis de l’Afrique et de la musique
africaine et la réalité que vous avez découverte ?

Je crois que la chose la principale, lorsque je suis arrivé pour la première fois en Afrique, a été de réaliser que je ne connaissais pas le pouvoir de la vérité. Dans des sociétés qui ne sont pas commerciales, les gens vivent la réalité de leurs émotions. Dans des sociétés qui sont commerciales,nous devenons tous diplomates. Nous n’exprimons pas ce qui est vraiment dans nos yeux, nous ne disons pas vraiment ce que nous pensons, nous ne sentons même pas comme nous sentons (rire). Tout à coup, je venais d’une culture dans laquelle nous apprenions à aseptiser l’expression de toute notre existence. A19 ans, presque encore adolescent,je me retrouvais dans un environnement où cette vérité naturelle, dans la musique, dans les émotions, dans la sexualité, était partout là. J’ai dû m’y adapter et apprendre à être moi-même au milieu de ceci et j’ai essayé de le traduire dans ma musique. Certains pourraient me demander pourquoi je fais ce bruit, pourquoi je ne pourrais pas être silencieux pendant que je joue. Je ne voyais pas les choses de cette manière quand j’étais en Afrique. Il y avait une relation holistique intégrée entre les faits de raconter une histoire, de jouer de la musique, de cuisiner ou d'avoir une conversation. Tout ceci faisait partie de la musique et j’ai essayé de traduire cette expérience. A mon retour,j’ai quitté le collège de Lake Forest où j’étudiais et j’ai monté l’Ethnic Heritage Ensemble en essayant d’intégrer les valeurs de l’Afrique de l’Ouest et les valeurs traditionnelles de la musique américaine à ma propre sauce. J’essaie toujours de parvenir à cette vérité que j’ai connue en Afrique. C’est très important.

Vous vous êtes aussi intéressé aux liens entre différents modes d’expressions artistiques et culturels, avec la création de vos costumes,des écrits ou votre loft dans lequel
vous exposez des peintures et des sculptures…

Oui, en général les mouvements importants ont été des mouvements avec des collaborations dans différents champs. Dans les années vingt, tout le monde était à Paris, Stravinski, Coco Chanel, Mirò, Picasso et aussi Louis Armstrong et les musiciens de jazz qui étaient venus avec la Première guerre mondiale, Josephine Baker, Sidney Bechet… Ensuite, il y a eu le mouvement Bauhaus en Allemagne. Cage, Stockhausen, Frank Lloyd Wright de Chicago y étaient. Si vous pensez au mouvement bebop et au mouvement beat dans les années quarante à New York, il y avait des peintres, des poètes, des musiciens de jazz. Il y avait le jeune Bob Fosse comme chorégraphe. Je vois toujours cette relation collective en art.
Quand je peux parler avec des peintres, des sculpteurs, des poètes, cela étend mes capacités et l’étendue de ma musique car elle repose sur les dimensions de la géométrie. Toute forme d’art est influencée par la physique. Nous tirons nos émotions de la physique et entre la physique et les émotions se trouvent cette opportunité abstraite de l’expression individuelle. Si je peux donc prendre quelque chose chez des musiciens, des peintres ou des écrivains, ma géométrie va suivre ce qui est formé par la relation à cette collectivité. Les individus passionnés, créatifs et disciplinés vont être importants pour la société car il ne va pas y avoir beaucoup d’argent, d’une manière générale dans notre culture occidentale. Nous savons qu’il n’y a pas beaucoup d’argent alors que pouvons-nous partager ? Nos passions, notre art, notre intellect… Cet échange intercollectif va être important pour la balance de l’humanité dans les prochaines années. Quelles personnes pouvons-nous trouver qui soient tolérantes ? Généralement, les artistes car ils apprennent de ce qu’ils entendent, voient, ressentent au contact d’autres cultures. Si la société devient déstructurée et indisciplinée,vers quels individus pourrons-nous nous tourner pour trouver un certain accomplissement de soi ? Les artistes. Ils sont disciplinés, passionnés,tolérants, ouverts d’esprit et créatifs, ce qui signifie chercher un moyen d’utiliser les ressources disponibles pour développer un épanouissement là où il semble qu’il n’y ait rien. Il n’y a jamais eu de période durant laquelle on n’a pas eu besoin de la sensibilité du mode de vie artistique dans les mentalités. Nous avons besoin maintenant de le partager avec nos enfants pour qu’ils acquièrent une discipline leur permettant d’apprécier ce qu’ils sont et d’apprécier les autres personnes. Au milieu de ce phénomène de globalisation,je crois que la culture est l’une des choses fondamentales que nous avons besoin d’échanger et l’un des éléments dominants de la culture est l’art. C’est pourquoi je pense à l’interdisciplinarité, à la coopération collective, à la sensibilité artistique. On en a plus besoin que jamais et je veux y participer.

Propos recueillis par Frank Steiger